Pour les non-autochtones et les touristes, c’est un choc, souvent déploré, de constater lors des visites dans les communautés autochtones que les pratiques ancestrales ne sont pas généralisées; que ce soit au niveau spirituel ou en ce qui a trait aux pratiques vestimentaires ou alimentaires.
Ce qu’il faut comprendre, ce sont les énormes bouleversements vécus lors de l’arrivée des Européens dans les domaines identitaires et spirituels. La croyance véhiculée à l’époque par les Européens était qu’ils mettaient les pieds dans un « terra nullius », c’est-à-dire un territoire sans maître.
Dès lors, les nouveaux arrivants se mirent à planter des drapeaux pour démontrer leur appropriation des territoires d’Amérique mais aussi une multitude de membres de congrégations religieuses vinrent avec pour mission de « convertir les sauvages ». Furent alors considérés comme païens et péchés, tous les gestes spirituels autres que ceux permis par l’Église; que ce soit l’utilisation des encens traditionnels dans un but d’offrande, le tambour sacré, les cérémonies de rites de passage, les tentes de sudation, les tentes tremblantes ou le fait de ne pas être marié selon les rites de l’église catholique.
Alors que la Proclamation royale de 1763 devait offrir aux Premières Nations la paix, l’amitié, le respect et une égalité approximative, mais également une protection, cette promesse se révéla en fait, davantage un pas vers la domination. La Loi constitutionnelle de 1867 accordait au Parlement fédéral la compétence législative sur les « Indiens et les terres qui leur sont réservées ». La première Loi sur les Indiens, adoptée en 1876, reflétait l’importance qu’accordait le gouvernement à la gestion des terres, à l’appartenance aux Premières nations, à l’administration locale et à son objectif ultime, l’assimilation des Autochtones du Canada.
En 1849, le premier pensionnat, qui allait faire place à un véritable réseau d’enlèvement d’enfants, cautionné par le gouvernement fédéral, dans le but de les éduquer à la sauce « occidentale et civilisée », mais aussi l’interdiction formelle de pratiquer des cérémonies comme la danse du soleil (1885), le potlatch (1884) (cérémonie basée sur l’échange d’objets entre les membres d’une communauté), ou de posséder un quelconque objet lié au culte du Créateur et des Ancêtres (tambours et pipes sacrés, sacs-médecines, hochets) rendirent la pratique spirituelle amérindienne tout à fait illégale.
Ce n’est qu’en 1951 que les cérémonies et les pratiques spirituelles furent levées de leur interdiction et qu’elles ont pu être vécues librement. Toutefois, les traces de ces interdictions et les contraintes vécues dans les pensionnats sont encore présentes dans les communautés. Les communautés mettent beaucoup d’efforts pour mener leurs membres vers la guérison et divers enseignements y sont prodigués pour que renaissent les principes de santé équilibrée prescrite par l’usage de la roue de médicine.